« Adieu Monsieur Haffmann », Mr Tout le monde en pleine Occupation…

Ce mercredi, le très éclectique Fred Cavayé revient dans les salles avec un drame dans le contexte historique de la Seconde Guerre Mondiale.

Il s’agit d’Adieu Monsieur Haffmann, une adaptation de la pièce éponyme de Jean-Pierre Daguerre, consacrée par pas moins de quatre Molière en 2018 !

Le cinéaste et le dramaturge sont amis depuis 20 ans.

Ce projet est né de l’envie du premier de réaliser un film qui traiterait de la collaboration.

Cependant, ce n’est pas vraiment le thème de la pièce, Fred Cavayé a donc simplement « gardé le point de départ d’Adieu Monsieur Haffmann et fait évoluer les personnages différemment, surtout celui de François [joué par Gilles Lellouche] ».

Nous sommes à Paris en 1941. François Mercier est l’employé de Joseph Haffmann (Daniel Auteuil), un bijoutier créateur extrêmement talentueux. De confession juive, il doit malheureusement bientôt fuir avec sa famille, et décide de céder sa boutique à son employé, en projetant de la récupérer après la guerre.

Mais il ne peut finalement rejoindre ses proches, et revient se cacher dans sa propre maison aux côtés de François et sa compagne Blanche (Sara Giraudeau)…

Fred Cavayé filme un huis-clos fascinant qui décortique les rapports humains mis à rude épreuve dans des circonstances extrêmes…

La prestation de Gilles Lellouche est juste fabuleuse ! Son interprétation toute en tension, en colère et en frustration refoulées nous captive durant tout le film…

Ce rôle complexe et trouble d’un brave gars qui finit par frayer avec l’occupant, lui permet de faire étalage de tout son talent dans le jeu non verbal : il fait passer énormément d’émotions par le regard et les expressions de son visage.

Fred Cavayé a bien senti cela et met sa réalisation au service de ses acteurs, en restant près d’eux, grâce à beaucoup de gros plans et à l’utilisation d’optiques anamorphiques qui permettent d’avoir du mouvement dans le cadre, sans avoir à bouger la caméra.

Le réalisateur explique sa démarche : « le moindre mouvement de caméra me paraissait ostentatoire. Il fallait de la fluidité en restant vraiment avec les personnages, en ne s’intéressant qu’à eux ».

Cela fonctionne ! On s’intéresse d’autant plus à eux, qu’ils sont très bien écrits et bien interprétés.

On est touchés par un Daniel Auteuil qui souffre tellement de l’absence de ses proches et ne cesse de leur écrire des lettres. L’évolution de ses rapports avec son employé est aussi passionnante à suivre…

Sara Giraudeau incarne avec beaucoup de justesse une compagne moins effacée qu’il n’y paraît…

N’oublions pas enfin, Nikolai Kinski (fils du controversé Klaus Kinski), parfait en commandant allemand faussement sympathique, qui distille une menace permanente…

Enfin, le film nous pousse vraiment à nous interroger sur notre propre attitude si l’on vivait en pleine Occupation comme François…

Une chose est sûre : Adieu Monsieur Haffmann est la sortie incontournable de la semaine !

La note : 9/10

source :

Image d’en-tête : © Julien Panié

Secrets de tournage, allocine.fr (lien)

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